24

La machine était réelle – étrange mais bien réelle. Et c’était la seule chose qui fût réelle. Tout le reste de la situation avait un caractère vague, irréel, presque onirique. On se serait cru dans un mauvais rêve dont on allait s’éveiller à tout moment, essayant pendant une seconde atroce de distinguer entre le rêve et la réalité.

— Cette carte là-bas, dit Pringle, vous intrigue sans doute. Et il y a de bonnes raisons à cela. Car c’est une carte du temps…

Il eut un petit rire et se frotta la nuque d’une main épaisse.

— À dire vrai, je ne la comprends pas moi-même. Mais Case la comprend. Case est un militaire et je ne suis qu’un agent de propagande, et un agent de propagande n’a pas besoin de savoir ce dont il parle, du moment qu’il en parle d’une manière très convaincante. Mais un militaire doit le savoir. Sinon, un jour, il se trouvera dans une situation difficile et sa vie dépendra peut-être de ce qu’il saura ou non.

C’était donc cela, se dit Sutton. C’était cela qui l’avait tracassé. C’était l’indice qui lui avait échappé. Le point qu’il ne pouvait identifier au sujet de Case, ce dont il s’était dit qu’il expliquerait Case, qu’il indiquerait qui il était et pourquoi il était là, sur cet astéroïde.

Un militaire.

J’aurai dû le deviner, pensa Sutton. Mais je pensais au présent… pas au passé ou au futur. Et il n’existe pas de militaires, en tant que tels, dans le monde d’aujourd’hui. Bien qu’il y ait eu des militaires avant mon époque et qu’apparemment il doive y en avoir dans les temps à venir.

— La guerre dans quatre dimensions doit être plutôt compliquée… dit-il à Case.

Et il ne le dit pas parce qu’il s’intéressait pour le moment à la guerre, qu’elle se fît dans trois ou quatre dimensions, mais parce qu’il sentit que c’était à son tour de parler, à son tour de garder à ce bavardage digne du thé chez le Lièvre fou, dans Alice au Pays des Merveilles, un ton adéquat.

Car c’était bien cela, se dit-il… une situation complètement illogique, une folie, un intermède légèrement psychopathique qui pouvait avoir son but mais un but caché, embrouillé.

Le moment est venu, dit le Morse, de parler de beaucoup de choses. De chaussures… et de bateaux… et de cire à cacheter… De choux… et de rois[3]

Case eut un sourire quand il lui parla, un sourire pincé, dur, bref, un sourire de militaire.

— En principe, dit Case, c’est une affaire de cartes et de graphiques et de connaissances très spécialisées, et d’un peu de super-conjoncture. Vous calculez où peut être l’ennemi et ce qu’il peut penser et vous foncez le premier.

Sutton haussa les épaules.

— Au fond, cela a toujours été le principe, dit-il. Fallait y arriver le premier…

— Oh ! fit Pringle, mais il y a maintenant tellement plus d’endroits où l’ennemi peut aller.

— On travaille avec des graphiques de psychologie et des tables de comportement et des rapports historiques, dit Case, presque comme s’il n’avait pas été interrompu. On retrouve certains événements, puis on va dans le passé et on essaie de changer quelques-uns de ces événements… juste un peu, vous comprenez, car on ne doit pas les changer beaucoup. Juste assez pour que le résultat final soit légèrement différent, juste un peu moins favorable à l’ennemi. Un changement ici et là et on le met en déroute…

— Cela a de quoi rendre fou, dit Pringle, d’un ton confidentiel. Parce qu’il faut qu’on soit sûr, vous comprenez. Vous choisissez une jolie tendance historique bien prometteuse, vous en calculez tout jusqu’au moindre détail, vous choisissez un point clé où un changement paraît indiqué, vous allez dans le passé et vous effectuez le changement…

— Et alors, dit Case, il vous explose dans la figure.

— Parce que, comprenez-vous, poursuivit Pringle, l’historien s’est trompé. Une partie de sa documentation était erronée ou sa méthode était maladroite ou son raisonnement était faux…

— Quelque part en chemin, dit Case, il a oublié un petit détail.

— Exactement, dit Pringle, il a oublié un détail quelque part et vous vous apercevez, après que vous l’avez changé, que cela nuit à votre camp plus qu’à celui de votre ennemi.

— Voyons, mon bon monsieur, dit Sutton, pourriez-vous me dire pourquoi une poule traverse la route en courant ?

— Mais oui, mon cher interlocuteur, dit Pringle. Parce qu’elle veut aller de l’autre côté.

Un dialogue de fous, se dit Sutton. Une scène sortie toute crue d’une bande dessinée comique.

Mais c’était adroit. Pringle était un agent de propagande et il n’était pas idiot. Il connaissait la sémantique et il connaissait la psychologie et même les vieilles blagues de clowns. Il savait tout ce qu’il y avait à savoir de l’espèce humaine, dans la mesure où ces connaissances pouvaient lui servir dans le passé humain.

Un homme avait atterri un matin dans la pâture de la falaise, six mille ans auparavant, et John H. Sutton était arrivé, descendant la côte, en balançant sa canne, car c’était le genre d’homme qui devait avoir une canne, une solide canne de noyer blanc, sans doute, qu’il avait coupée et façonnée avec son propre couteau de poche. Et l’homme avait employé les mêmes tactiques mentales sur John H. Sutton que Pringle essayait maintenant d’utiliser sur son lointain descendant.

Allez-y, dit en lui-même Sutton. Parlez jusqu’à en avoir la gorge enrouée et la langue sèche. Car je vois clair dans votre jeu et vous le savez. Et bientôt nous en arriverons aux affaires sérieuses.

Comme s’il lisait dans les pensées de Sutton, Case dit à Pringle :

— Jake, ça ne marche pas.

— Non, j’en ai l’impression.

— Asseyons-nous, dit Case.

Sutton en ressentit un vif soulagement. Maintenant, se dit-il, il allait découvrir ce que les autres voulaient, il pourrait avoir une idée de ce qui se passait.

Il s’assit sur un siège, et d’où il était, il pouvait voir l’avant de la cabine, un petit poste qui clamait son efficacité. Le tableau de commande s’inclinait devant le fauteuil du pilote mais il y avait peu de commandes. Une rangée de boutons, une manette ou deux, un panneau de commutateurs qui commandaient probablement l’éclairage, les portes, etc. Et c’était tout. Efficace et simple… pas de fioritures, un minimum de commandes manuelles. La machine, se dit Sutton, devait presque se piloter toute seule.

Case se glissa dans un fauteuil, étendit ses longues jambes devant lui et les croisa, à demi couché plutôt qu’assis. Pringle se percha sur le bord d’un autre siège, se pencha en frottant ses mains velues.

— Sutton, demanda Case, qu’est-ce que vous voulez ?

— D’abord, dit Sutton, cette histoire de temps…

— Vous ne savez pas ? Voyons, ce fut un homme de votre époque. Un homme qui vit en ce moment même…

— Case, dit Pringle, nous sommes en 7990. Michaelson ne fit vraiment pas grand-chose jusqu’en 8003.

Case se frappa la main sur le front.

— Oh, c’est vrai, s’écria-t-il, j’oublie toujours.

— Vous voyez, dit Pringle à Sutton, vous voyez ce que je veux dire ?

Sutton inclina la tête, bien qu’il fût absolument incapable de voir ce que Pringle voulait dire.

— Mais comment ? demanda-t-il.

— C’est strictement une affaire mentale, dit Pringle.

— Certainement, dit Case. Si vous preniez seulement la peine d’y réfléchir, vous sauriez ce que c’est.

— Le temps, dit Pringle, est une conception mentale. On l’a cherché partout ailleurs avant de le situer dans l’esprit humain. On pensait qu’il était une quatrième dimension. Vous vous souvenez d’Einstein…

— Einstein n’a pas dit qu’il était une quatrième dimension, dit Case. Pas une dimension au sens où l’on pense à la longueur, la largeur ou la hauteur. Il le concevait comme une durée…

— C’est une quatrième dimension, insista Pringle.

— Non, pas du tout, répliqua Case.

— Messieurs, intervint Sutton, messieurs…

— Bon, en tout cas, reprit Case, votre Michaelson a déterminé que c’était une conception mentale, que le temps n’existe que dans l’esprit, qu’il n’a pas de propriétés physiques en dehors de la capacité de l’homme de le comprendre et de le mesurer. Il découvrit qu’un homme ayant un sens suffisamment développé du temps…

— Il existe des hommes, vous savez, dit Pringle, qui ont ce qui peut être considéré comme un sens exagéré du temps. Ils peuvent vous dire que dix minutes se sont écoulées depuis qu’un certain événement s’est produit, et dix minutes ont, en effet, passé. Ils peuvent compter les secondes aussi bien et avec autant de précision qu’une montre.

— Donc, reprit Case, Michaelson construisit un cerveau dont le sens du temps était exagéré des milliards de fois et il découvrit qu’un tel cerveau pouvait contrôler le temps à l’intérieur d’une certaine zone… qu’il pouvait maîtriser le temps, se déplacer dans le temps et emporter avec lui tous les objets qui se trouveraient dans son champ de force.

— Et c’est ce que nous utilisons aujourd’hui, dit Pringle, on règle simplement la commande qui indique au cerveau où l’on veut aller… ou plutôt quand… et le cerveau fait le reste. (Il adressa un léger sourire à Sutton :) Simple, n’est-ce pas ?

— Nul doute, dit celui-ci, que ce soit très simple.

— Et maintenant, monsieur Sutton, dit Case, que voulez-vous d’autre ?

— Rien, rien du tout.

— Mais c’est insensé, protesta Pringle. Il doit y avoir quelque chose que vous voulez.

— Quelques renseignements, peut-être.

— Quoi, par exemple ?

— Par exemple, savoir de quoi il retourne dans toute cette affaire.

— Vous allez écrire un livre, dit Case.

— Oui, j’ai l’intention d’écrire un livre.

— Et vous voulez le vendre.

— Je désire qu’il soit publié.

— Un livre, fit remarquer Case, est une marchandise. C’est un produit de l’esprit et de la main. Il a une valeur marchande.

— Je suppose, dit Sutton, que vous êtes acheteur.

— Nous sommes des éditeurs, à la recherche d’un livre.

— Un livre à grand succès, ajouta Pringle.

Case décroisa les jambes, se redressa un peu dans son fauteuil.

— Tout cela est très simple, dit-il. Un simple marché entre nous. Nous voudrions que vous alliez franchement et que vous fixiez votre prix.

— Dites un gros prix, conseilla Pringle. Nous sommes prêts à payer.

— Je n’ai pas d’idée de prix, dit Sutton.

— Nous en avons discuté, dit Case, d’une manière assez théorique, nous demandant combien vous pourriez demander et combien nous serions disposés à payer. Nous avons estimé qu’une planète pourrait vous intéresser.

— Nous pourrions dire une douzaine de planètes, déclara Pringle, mais cela n’a pas beaucoup de sens. Que ferait un homme d’une douzaine de planètes ?

— Il pourrait les louer, dit Sutton.

— Vous voulez dire, demanda Case, qu’une douzaine de planètes pourraient vous intéresser ?

— Non, pas du tout, dit Sutton. Pringle se demandait ce qu’un homme pourrait faire d’une douzaine de planètes et je suis venu à son aide…

Pringle se pencha si loin en avant sur son siège qu’il faillit tomber sur le nez.

— Écoutez, dit-il, nous ne parlons pas d’une de ces planètes minables, situées tout au fond de nulle part. Nous vous offrons une planète aménagée, débarrassée de tous animaux venimeux ou répugnants, avec un climat salubre, des indigènes dociles, et toutes les installations et améliorations habituelles pour y habiter et y vivre.

— Et l’argent, précisa Case, pour en assurer le bon fonctionnement durant le restant de votre vie.

— En plein au beau milieu de la galaxie, dit Pringle. Ce serait une adresse dont vous n’auriez pas à rougir.

— Cela ne m’intéresse pas, dit Sutton.

La patience de Case craqua.

— Mais, sacrebleu, que voulez-vous donc ?

— Je veux des renseignements.

Case soupira.

— Bon. Nous vous donnerons des renseignements.

— Pourquoi voulez-vous mon livre ?

— Il y a trois groupes intéressés par votre livre, répondit Case. L’un de ces groupes voudrait vous tuer pour vous empêcher de l’écrire. Et pour être plus précis, ils le feront probablement si vous ne vous entendez pas avec nous.

— Et l’autre groupe, le troisième ?

— Le troisième groupe voudrait que vous écriviez le livre, bien sûr, mais il ne vous donnera pas un sou. Il fera tout ce qu’il pourra pour vous faciliter la tâche et il essaiera de vous protéger contre ceux qui voudraient vous tuer mais ils ne proposent pas d’argent.

— Si je faisais l’affaire avec vous, dit Sutton, je suppose que vous m’aideriez à écrire ce livre. Conférences de rédaction et tout ce qui s’ensuit.

— Naturellement, dit Case. Nous y aurions un intérêt personnel. Et nous voudrions qu’il soit écrit de la meilleure façon possible.

— Après tout, ajouta Pringle, nous y aurions autant d’intérêt que vous.

— Je suis désolé, dit Sutton, mon livre n’est pas à vendre.

— Nous pourrions augmenter un peu notre offre, dit Pringle.

— Il n’est toujours pas à vendre.

— C’est votre dernier mot ? demanda Case. Votre décision bien réfléchie ?

Sutton inclina la tête.

Case soupira.

— Alors, dit-il. Je pense que nous devons vous tuer.

Il sortit un pistolet de sa poche.

Dans le torrent des siècles
titlepage.xhtml
Simak,Clifford D - Dans le torrent des siecles(1951).French.ebook.AlexandriZ_split_000.html
Simak,Clifford D - Dans le torrent des siecles(1951).French.ebook.AlexandriZ_split_001.html
Simak,Clifford D - Dans le torrent des siecles(1951).French.ebook.AlexandriZ_split_002.html
Simak,Clifford D - Dans le torrent des siecles(1951).French.ebook.AlexandriZ_split_003.html
Simak,Clifford D - Dans le torrent des siecles(1951).French.ebook.AlexandriZ_split_004.html
Simak,Clifford D - Dans le torrent des siecles(1951).French.ebook.AlexandriZ_split_005.html
Simak,Clifford D - Dans le torrent des siecles(1951).French.ebook.AlexandriZ_split_006.html
Simak,Clifford D - Dans le torrent des siecles(1951).French.ebook.AlexandriZ_split_007.html
Simak,Clifford D - Dans le torrent des siecles(1951).French.ebook.AlexandriZ_split_008.html
Simak,Clifford D - Dans le torrent des siecles(1951).French.ebook.AlexandriZ_split_009.html
Simak,Clifford D - Dans le torrent des siecles(1951).French.ebook.AlexandriZ_split_010.html
Simak,Clifford D - Dans le torrent des siecles(1951).French.ebook.AlexandriZ_split_011.html
Simak,Clifford D - Dans le torrent des siecles(1951).French.ebook.AlexandriZ_split_012.html
Simak,Clifford D - Dans le torrent des siecles(1951).French.ebook.AlexandriZ_split_013.html
Simak,Clifford D - Dans le torrent des siecles(1951).French.ebook.AlexandriZ_split_014.html
Simak,Clifford D - Dans le torrent des siecles(1951).French.ebook.AlexandriZ_split_015.html
Simak,Clifford D - Dans le torrent des siecles(1951).French.ebook.AlexandriZ_split_016.html
Simak,Clifford D - Dans le torrent des siecles(1951).French.ebook.AlexandriZ_split_017.html
Simak,Clifford D - Dans le torrent des siecles(1951).French.ebook.AlexandriZ_split_018.html
Simak,Clifford D - Dans le torrent des siecles(1951).French.ebook.AlexandriZ_split_019.html
Simak,Clifford D - Dans le torrent des siecles(1951).French.ebook.AlexandriZ_split_020.html
Simak,Clifford D - Dans le torrent des siecles(1951).French.ebook.AlexandriZ_split_021.html
Simak,Clifford D - Dans le torrent des siecles(1951).French.ebook.AlexandriZ_split_022.html
Simak,Clifford D - Dans le torrent des siecles(1951).French.ebook.AlexandriZ_split_023.html
Simak,Clifford D - Dans le torrent des siecles(1951).French.ebook.AlexandriZ_split_024.html
Simak,Clifford D - Dans le torrent des siecles(1951).French.ebook.AlexandriZ_split_025.html
Simak,Clifford D - Dans le torrent des siecles(1951).French.ebook.AlexandriZ_split_026.html
Simak,Clifford D - Dans le torrent des siecles(1951).French.ebook.AlexandriZ_split_027.html
Simak,Clifford D - Dans le torrent des siecles(1951).French.ebook.AlexandriZ_split_028.html
Simak,Clifford D - Dans le torrent des siecles(1951).French.ebook.AlexandriZ_split_029.html
Simak,Clifford D - Dans le torrent des siecles(1951).French.ebook.AlexandriZ_split_030.html
Simak,Clifford D - Dans le torrent des siecles(1951).French.ebook.AlexandriZ_split_031.html
Simak,Clifford D - Dans le torrent des siecles(1951).French.ebook.AlexandriZ_split_032.html
Simak,Clifford D - Dans le torrent des siecles(1951).French.ebook.AlexandriZ_split_033.html
Simak,Clifford D - Dans le torrent des siecles(1951).French.ebook.AlexandriZ_split_034.html
Simak,Clifford D - Dans le torrent des siecles(1951).French.ebook.AlexandriZ_split_035.html
Simak,Clifford D - Dans le torrent des siecles(1951).French.ebook.AlexandriZ_split_036.html
Simak,Clifford D - Dans le torrent des siecles(1951).French.ebook.AlexandriZ_split_037.html
Simak,Clifford D - Dans le torrent des siecles(1951).French.ebook.AlexandriZ_split_038.html
Simak,Clifford D - Dans le torrent des siecles(1951).French.ebook.AlexandriZ_split_039.html
Simak,Clifford D - Dans le torrent des siecles(1951).French.ebook.AlexandriZ_split_040.html
Simak,Clifford D - Dans le torrent des siecles(1951).French.ebook.AlexandriZ_split_041.html
Simak,Clifford D - Dans le torrent des siecles(1951).French.ebook.AlexandriZ_split_042.html
Simak,Clifford D - Dans le torrent des siecles(1951).French.ebook.AlexandriZ_split_043.html
Simak,Clifford D - Dans le torrent des siecles(1951).French.ebook.AlexandriZ_split_044.html
Simak,Clifford D - Dans le torrent des siecles(1951).French.ebook.AlexandriZ_split_045.html
Simak,Clifford D - Dans le torrent des siecles(1951).French.ebook.AlexandriZ_split_046.html
Simak,Clifford D - Dans le torrent des siecles(1951).French.ebook.AlexandriZ_split_047.html
Simak,Clifford D - Dans le torrent des siecles(1951).French.ebook.AlexandriZ_split_048.html
Simak,Clifford D - Dans le torrent des siecles(1951).French.ebook.AlexandriZ_split_049.html
Simak,Clifford D - Dans le torrent des siecles(1951).French.ebook.AlexandriZ_split_050.html
Simak,Clifford D - Dans le torrent des siecles(1951).French.ebook.AlexandriZ_split_051.html
Simak,Clifford D - Dans le torrent des siecles(1951).French.ebook.AlexandriZ_split_052.html
Simak,Clifford D - Dans le torrent des siecles(1951).French.ebook.AlexandriZ_split_053.html